Nassurdine Haidari réagit à l'interview de François Bayrou sur la diversité

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Nassurdine Haidari, élu PS à Marseille, réagit lundi 20 février à l'interview que le candidat François Bayrou a donnée à Respect Mag en affirmant "prendre acte de cet engagement fort" qu'est la proposition de la création d'un "Ministère de l'Égalité".

Respect Magazine - À vif, votre point de vue sur l'interview de François Bayrou ?

Nassurdine Haidairi - J'ai été touché par sa sincérité. Non seulement il a confirmé l'existence de discriminations à l'encontre de certaines catégories de la population mais il a également confessé, avec beaucoup d'humilité, qu'il lui a fallu "vingt ans pour comprendre les frustrations et les découragements des compatriotes dont la couleur de peau les rend « visibles »", et la violence sociale qui en découle.

RM - Sa réponse concernant la proposition Respect Mag/Terra Nova "d'insérer dans la loi NRE des indicateurs précis et comparables sur le genre, l’âge, le handicap et l’origine, et d’obliger les entreprises de plus de 500 salariés comme les administrations à faire des progrès chiffrés sur ces critères" vous satisfait-elle ?

NH - L'idée de faire appel à des référentiels concrets et opposables est intéressante. Je suis également d'accord lorsqu'il dit que la logique du contrôle permanent pourrait créer de vives tensions au sein des entreprises. Cependant, il faudrait impérativement passer par une évaluation constante de ces entreprises pour lutter efficacement contre les discriminations. Notre proposition - qui consiste à conditionner les marchés publics aux entreprises luttant contre les discriminations - est de nature à créer une démarche positive. Si vous ne montrez pas vos efforts en matière de lutte contre les discriminations, vous n'avez pas le marché.

RM - Faut-il contraindre pour faire avancer les choses ?

NH - Je comprends François Bayrou qui dit ne pas croire à la simple force de la loi pour changer les choses. La preuve avec la loi sur la parité homme-femme... Je crois à l'efficacité de la sanction et à la force de la prévention. Si une société ne sanctionne pas de manière for les entreprises qui dérogent à la loi, alors ces dernières continueront à discriminer en toute impunité. De même, si au sein des partis politiques, cette loi assurant la parité n'appelle pas à des sanctions plus conséquentes, alors les partis de gauche comme de droite, continueront à contourner la loi. Je suis pour accroitre les sanctions financières en cas de non respect des dispositifs légaux.

L'idée d'avoir au sein des entreprises des représentants des salariés dans les conseils d’administrations est très intéressante afin d'assurer un contrôle par ceux qui sont sur le terrain. En revanche, je suis plus réservé lorsqu'il s'agit de faire confiance au mouvement interne. Car l'histoire de notre pays nous apprend qu'aucun groupe détenant des privilèges ne les a naturellement cédés. Et ceci est valable au sein des entreprises et en politique. Pour changer ces pratiques, il faut passer par certaines contraintes dissuasives.

RM - Sur le contrôle au faciès, partagez-vous les réserves du candidat François Bayrou ?

NH - Je peux les comprendre. Je partage également sa préoccupation de ne pas tomber dans "l'anti-flic". Mais je lui dirais simplement qu'il ne s'agit pas d'inverser le contrôle. La police doit faire son travail en toute sérénité. L'idée centrale de cette proposition - également proposée par le collectif Nous ne marcherons plus - est d'évaluer la qualité du contrôle d'identité. Nous pourrions, avec cet outil, commencer à refonder le rapport police/citoyen et assurer une meilleure compréhension.

En Angleterre, aux Etats-Unis, en Espagne et en Hongrie, la remise d'une attestation de contrôle d’identité ainsi que des commissions indépendantes, impliquant la police et la société civile, ont fait leurs preuves. Le ticket de contrôle - avec la date, l’heure, le lieu, le motif légal, le résultat du contrôle et une évaluation de la procédure (respect, politesse, vouvoiement, etc.) - oblige le policier à justifier sa démarche et à suivre une procédure stricte. Tout en permettant à la personne contrôlée de la comprendre, et, si nécessaire, de la contester, preuves à l'appui. Cette mesure s’inscrit dans une dynamique citoyenne, où la police est considérée comme un service public, au service des citoyens.

RM - Face au manque de diversité dans les instances démocratiques, nous proposons que chaque parti réserve soixante circonscriptions à des citoyens issus des minorités, durant trois législations, puis de supprimer cette mesure. François Bayrou affirme que "ça ne marchera pas".

NH - Je partage ses doutes quant à la réservation de circonscriptions aux citoyens issus des minorités. Les partis placeront ces personnes dans des circonscriptions où elles ne seront pas élues, comme ils le font pour les femmes. Nous avons élaboré une proposition en anticipant les habitudes des partis politiques: nous souhaitons une limitation des fonctions électives dans le temps afin d'oxygéner la classe politique. Ainsi, pour les députés, les sénateurs et les présidents exécutifs, le nombre de mandats sera limité à trois mandats successifs et nous exigerons également des partis, qu'ils nous fournissent des éléments chiffrés concernant la lutte contre les discriminations et la non représentativité de certaines populations lors de chaque élection.

Je sais que le chemin sera long, pénible pour certains, mais indispensable. Si les partis peuvent discriminer en toute impunité, ils continueront à le faire. A terme, nous ne pourrons pas faire l'économie de sanctions financières lourdes pour forcer les choses. Il faudra que le prochain président de la République donne des réponses claires. D'où notre proposition de "nommer des ambassadeurs issus des minorités visibles". Cette discrimination qui raisonne à l'international abaisse l'image de la France.

RM - Que pensez vous de la formation renforcée à l'antiracisme et à la lutte contre les discriminations ?

NH - Je partage totalement la proposition de Respect Mag et Terra Nova à l'instar du candidat centriste. Lorsque l'on voit qu'en 2012, dans un lycée français, des élèves blancs et noirs ne déjeunent plus ensemble (voir l'article de Rue89), vous comprenez bien que le mal est profond et que la réponse devra être ferme et sans appel.

Pour aller plus loin

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