"Le climat de confiance, l'autorité et le respect, doivent redevenir les valeurs de l'école"

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François Bayrou est revenu sur ses propositions en matière d'éducation, à l'occasion d'une interview accordée aux journalistes de VousNousIls.fr, vendredi 2 mars.

Quel bilan faites-vous de la poli­tique menée par le gou­ver­ne­ment actuel en matière d'éducation ?

François Bayrou - Le bilan ce n'est pas moi qui le fais, ce sont les enquêtes inter­na­tio­nales qui disent que notre école est aujourd'hui au 25ème rang dans les clas­se­ments inter­na­tio­naux, aussi bien en sciences que dans la com­pré­hen­sion des textes écrits ! Mauvais résul­tats d'un côté et de l'autre, une com­mu­nauté éduca­tive qui se sent aban­don­née et sur­tout mal­trai­tée par des cri­tiques inces­santes et tel­le­ment injustes.

Si vous accé­dez au pou­voir en mai pro­chain, quelles mesures prendrez-vous immé­dia­te­ment et en prio­rité pour l'école ?

FB - J'ai une prio­rité : que tous les élèves sachent lire à leur entrée en 6ème. Pour cela, la moi­tié du temps sco­laire en pri­maire sera consa­cré à la langue fran­çaise : appren­tis­sage de la lec­ture et de l'écriture. Avec un objec­tif clair : faire entrer l'école fran­çaise dans les cinq ans, parmi les dix pre­mières du clas­se­ment inter­na­tio­nal pour la com­pré­hen­sion de l'écrit, du cal­cul, des connais­sances scien­ti­fiques et de la lutte contre les dis­pa­ri­tés sociales.

Faut-il revoir les rythmes scolaires ?

FB - Trois fois oui. Il n'est pas nor­mal que l'école fran­çaise soit celle qui concentre le plus d'heures de cours sur le moins de jours de classe. Le temps de tra­vail heb­do­ma­daire des élèves, devoirs y com­pris, ne devrait pas dépas­ser une tren­taine d'heures. Cela signi­fie un allé­ge­ment des horaires pour un grand nombre d'élèves.

Comment recons­truire l'école avec « les moyens exis­tants », comme vous l'avez indi­qué lors de la pré­sen­ta­tion de votre pro­gramme samedi 4 février, et en même temps pro­mettre de consa­crer 50% du temps de la classe, au pri­maire, à la lec­ture et à l'écriture sachant que les pro­grammes sont déjà denses ?

FB - Je suis convaincu que l'on peut faire mieux à moyens exis­tants. A condi­tion que le cli­mat de confiance, la res­tau­ra­tion de l'autorité et du res­pect, rede­viennent valeurs de l'école.

Comment lut­ter contre l'échec sco­laire dans un pays où le taux d'encadrement sco­laire est l'un des plus faibles de l'OCDE ?

FB - L'encadrement doit être adapté à la réa­lité de la classe et aux dif­fi­cul­tés ren­con­trées. Il faut pen­ser le nombre d'élèves par classe en fonc­tion, non pas de normes, mais de la réa­lité de la classe. Dans les classes dif­fi­ciles, les effec­tifs doivent être réduits afin d'assurer un suivi atten­tif des pro­grès de cha­cun. Dans les classes équi­li­brées et de bon niveau, le nombre d'élèves peut être plus élevé. Je pro­pose aussi que les devoirs soient faits dans le cadre de l'établissement sous la sur­veillance de tuteurs, d'enseignants de l'établissement s'ils le sou­haitent, d'enseignants à la retraite ou le plus sou­vent d'étudiants qui rece­vront une bourse pour se fami­lia­ri­ser ainsi avec l'enseignement. Cela per­met­tra aux élèves les plus en dif­fi­culté, aux élèves dont l'environnement fami­lial est par­fois fra­gile, de béné­fi­cier d'un enca­dre­ment dont ils ne dis­posent pas for­cé­ment chez eux.

Faut-il redé­fi­nir le métier et les mis­sions des enseignants ?

FB - Les mis­sions des ensei­gnants sont claires : trans­mettre les savoirs et les faire aimer, for­mer des citoyens au libre-arbitre et au sens cri­tique. C'est le cœur de notre pacte répu­bli­cain. Les ensei­gnants devraient être mieux recon­nus par la société. Ceux qui, en par­ti­cu­lier, leur reprochent de tra­vailler trop peu ne se rendent pas compte du temps passé, hors des salles de classe, à pré­pa­rer les cours et à cor­ri­ger les copies. A ceux-là qui ont la cri­tique gra­tuite, je leur dis : chiche, venez pas­ser quelques jours dans une classe ! Ils n'y résis­te­raient pas...

Que pensez-vous du pro­jet de réforme de l'évaluation des ensei­gnants, défendu par Luc Chatel, pro­po­sant de confier aux chefs d'établissements l'évaluation des pro­fes­seurs de l'enseignement secondaire ?

FB - La nota­tion péda­go­gique des ensei­gnants doit être effec­tuée par des ins­pec­teurs expé­ri­men­tés, de la même dis­ci­pline et de la même qua­li­fi­ca­tion au moins. C'est ce qui se passe actuel­le­ment. Il n'y a rien à chan­ger à l'équilibre actuel : le chef d'établissement évalue déjà les capa­ci­tés et qua­li­tés des ensei­gnants, et cela repré­sente 40% de la note attri­buée. Tout l'enjeu est de trou­ver des éléments objec­tifs pour assu­rer l'évaluation des enseignants.

Que proposez-vous pour l'université ? Reviendrez-vous sur la loi LRU ?

FB - Le prin­cipe de l'autonomie des uni­ver­si­tés me semble aller dans le bon sens, car il per­met la res­pon­sa­bi­li­sa­tion des établis­se­ments ainsi que davan­tage de flexi­bi­lité dans leur ges­tion. Il faut néan­moins que l'Etaart assure l'équité entre les uni­ver­si­tés, pour éviter que cer­taines dis­ci­plines ne soient abandonnées.

Propos recueillis par Charles Centofanti pour le site Vousnousils.fr.

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