"Il faut être auprès des Français pour parler de ces drames et de ces horreurs que nous vivons"

Image n°888

Dans une interview accordée mercredi 21 mars au journal Libération, François Bayrou rappelle l'importance de traiter, dans le cadre de l'élection présidentielle, des sujets difficiles que nous vivons actuellement.

Lundi soir, dans votre discours à Grenoble, vous avez déclaré qu’il ne fallait pas utiliser des sujets susceptibles de "verser de l’essence sur le feu à de seules fins électorales". Qui, selon vous, s’empare de tels sujets ?

Remettons les choses en perspective. Les autres candidats ont dit : "On arrête la campagne électorale". Moi, je pense exactement le contraire. Plutôt que de faire une pause, il faut être auprès des Français pour parler des sujets essentiels, c’est-à-dire aussi de ces drames et de ces horreurs que nous vivons. Les événements de Toulouse et de Montauban ne nous sont pas tombés dessus comme une météorite sur la France. Depuis des années, nous vivons une montée continue des intolérances et de la violence, un délitement de la société, qui est pour moi un des sujets les plus graves de la situation de notre pays. J’ai toujours combattu les gens qui se servaient des passions noires pour les faire flamber. Je ne désigne personne car les manquements ont été nombreux. Je mets en cause une dérive générale de notre société, dérive lourde de conséquences, et dans laquelle la politique a sa part.

Certains de ces politiques jouent-ils de ces passions plus que d’autres ?

Ce sujet est assez grave pour que je refuse d’en faire une polémique ciblée sur les uns et sur les autres. Moi qui n’ai jamais participé à ce genre de surenchère, je pense qu’il nous faut dire stop. Il est de notre devoir à tous de faire reculer les sujets d’intolérance.

Le fameux discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, le 30 juillet 2010, a-t-il contribué à cette surenchère ?

Je ne veux pas entrer dans une polémique qui serait déplacée. Je ne mélange pas tout. Je sais très bien que, derrière les tueries de Toulouse et de Montauban, il y a une folie furieuse, une mise en scène désaxée. Mais ce cancer a grandi dans une société qui laisse s’exprimer une intolérance et une violence croissantes. Je suis là pour que la campagne électorale mette au premier plan de ses préoccupations la lutte contre ces dérives. La France connaît trois crises en même temps, économique, sociale et morale. François Hollande a dit, ce matin, pour se démarquer de mon propos, qu’il ne croyait pas que la société française soit moralement malade. Nous ne voyons pas le même pays.

Pourquoi François Hollande et Nicolas Sarkozy jugent-ils nécessaire de faire une trêve dans cette campagne ?

Tous deux font comme si ces événements nous étaient totalement extérieurs, accidentels. Au contraire d’eux, je pense qu’ils doivent nous faire réfléchir à l’état de la société française. Ne laissons plus faire. N’acceptons pas ces dérives. Après, chacun réfléchira à son rôle, à ses responsabilités passées, présentes et futures.

Ne craignez-vous pas la polémique en continuant à faire campagne ?

Je ne crée aucune polémique. Je ne suis engagé dans aucune trêve. Je suis avec les Français qui travaillent, dont la vie ne s’est pas arrêtée, et qui réfléchissent avec anxiété à tout cela. Je ne céderai rien à l’espèce d’entente qui choisit de ne pas traiter les sujets difficiles et dangereux. Pour moi, la crise morale du pays n’est pas un thème accessoire : c’est une thème central.

Et comment remédier à cette crise morale ?

Par l’exemplarité. Quand les responsables publics s’expriment, ils doivent le faire avec le sens des responsabilités et le respect nécessaire pour tous ceux qui forment le pays. Il faut qu’ils portent, en attitudes et en actes, un pays rassemblé, qui se réunit non pas dans l’exploitation des passions, mais dans une certaine hauteur de vue. Un pays dans lequel l’expression de ces intolérances recule.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par