"L'éloignement de François Bayrou priverait l'Assemblée nationale d'une personnalité peu commune"

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Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture de Jacques Chirac, a signé jeudi 7 juin une tribune dans le quotidien Libération où il apporte son soutien à la candidature de François Bayrou aux élections législatives.

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"C’est une lourde responsabilité qui incombe aux citoyens de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, celle de décider si François Bayrou continuera ou non de siéger à l’Assemblée nationale. Je sais bien qu’on n’attend pas des électeurs qu’ils se fassent stratèges ni qu’ils se livrent aux complexes conjectures qui font le délice des commentateurs politiques. Leur choix ne doit qu’exprimer leur conviction, la sincérité qui l’anime, mais aussi l’idée qu’ils se font de l’intérêt général.

C’est ainsi, d’ailleurs, qu’il est arrivé à des électeurs de sortir du jeu parlementaire des personnalités aussi éminentes que Martine Aubry, en 2002, et Alain Juppé, en 2007. L’intérêt général ne voudrait-il cependant pas que François Bayrou retrouve son siège à l’Assemblée nationale ? Je sais bien - des sondages l’indiquent - que beaucoup de ses électeurs béarnais sont séduits par d’autres candidatures, notamment celle de Nathalie Chabanne, investie par le PS, ou celle d’Eric Saubatte, investi par l’UMP. Je comprends d’ailleurs que ces formations politiques n’aient pas renoncé à présenter un candidat face à François Bayrou. L’auraient-elles d’ailleurs pu ? C’eut été incompréhensible de la part de l’UMP. Ce parti n’est-il pas, toutes choses égales par ailleurs, dans la position des légitimistes qui, après 1830 et le renversement de Charles X, récusaient violemment ceux qui avaient pris le parti du changement, en l’occurrence celui de Louis-Philippe d’Orléans ? Pour le PS de Martine Aubry, c’eut été à peine moins compréhensible, au moins au premier tour. N’aurait-il pas ainsi désavoué une candidate déjà investie, en donnant par ailleurs le sentiment que François Bayrou recevait ainsi une encombrante récompense qui, devenant une caution, pouvait priver son combat pour la renaissance d’un Centre autonome d’une part de son autorité ? Tout s’est ainsi passé comme cela ne pouvait que se passer…

C’est pourquoi il appartient aux seuls électeurs de ladite 2e circonscription, par un acte collectif qui transcende les raisons ordinaires, de faire en sorte que la représentation de la Nation que forment, en corps, les députés, ne soit pas privée de la présence d’un homme qui, au premier tour de l’élection présidentielle, a rassemblé 3 275 349 voix et en avait fédéré plus de 6 millions en 2007.

L’éloignement du Parlement de François Bayrou serait, à tous égards, une chose regrettable. Elle priverait l’Assemblée d’une personnalité peu commune, représentative d’un vrai courant de la vie politique de notre pays. Elle affaiblirait le possible processus de reconstitution d’un Centre, européen et humaniste, non affidé, systématiquement, à l’un ou à l’autre des deux partis dominants. Elle mettrait le doigt, comme si besoin était encore, sur les insuffisances de l’actuelle loi électorale qui présente l’inconvénient conjoint de ne pas assurer sûrement à un président de la République nouvellement élu la majorité solide dont il a besoin pour conduire son action, tout en excluant, de toute représentation significative, des forces politiques qui, pourtant, devraient contribuer positivement au débat démocratique. C’est donc aux électeurs de la 2e circonscription qu’il appartiendra, les 10 et 17 juin prochains, de veiller, par-delà leurs préférences partisanes spontanées, à ce que François Bayrou retrouve à l’Assemblée nationale la tribune à laquelle sa voix peut prétendre. Ils renoueraient ainsi avec l’une des plus belles traditions démocratiques de leur département qui sut, dans le passé, se choisir des élus aussi courageux et atypiques que Jacques Laffitte qui, après avoir soutenu l’avènement de Louis-Philippe, en combattit les dérives autoritaires, ou encore Auguste Champetier de Ribes qui, issu de la belle tradition démocrate chrétienne, refusa les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Si je prends la liberté de confier ce vœu à mes compatriotes des Pyrénées-Atlantiques, c’est parce j’attends un vrai renouveau démocratique de l’ère qu’a ouverte l’élection de François Hollande et que je me souviens de mes aïeux béarnais qui reposent, dans leurs tombes, au fin fond de la vallée d’Aspe."

Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture

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