Jean-François Kahn: "Ce qui me motive chez François Bayrou, c’est sa dimension patriotique"

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Jean-François Kahn a accordé lundi 16 janvier une interview à la rédaction d'Atlantico où il évoque le caractère "gaullien" du positionnement de François Bayrou.

Atlantico - Si dans son discours François Bayrou ne se veut "ni à droite, ni à gauche", les dernières personnalités qui l'ont rallié (Philippe Douste-Blazy, Alain Lambert, Arnaud Dassier voire Christine Boutin dans le futur) se situent toutes à droite. Peut-on donc parler d’une "droitisation"  du positionnement politique du candidat ?

Jean-François Kahn - Je pense que c’est seulement une impression. Mais une impression, vraie ou fausse, est toujours un problème. Elle vient d’abord du fait que des personnes comme Philippe Douste-Blazy ou Arnaud Dassier se soient ralliées à lui. Mais je pense que ces ralliements émanent plus de déceptions personnelles que de réelles convictions idéologiques.

Mais il y a aussi un acte important en deux temps qui donne cette impression. D’une part, l’Élysée a donné comme consigne de clamer sans arrêt que François Bayrou se rapprochait de Nicolas Sarkozy. On le voit bien dans Le Figaro, il faut le neutraliser. L’idée est de dire : « Regardez, il est très bien, on est dans le même camp ». Il faut l’affaiblir en laissant penser qu’il est proche de Nicolas Sarkozy et qu’il pourrait éventuellement se rallier (ce qui selon moi n’arrivera jamais).

D’autre part, les socialistes ont peur devant la montée de François Bayrou. Il s’agit pour eux aussi de le pousser au maximum vers la droite pour le décrédibiliser. Il est donc pris entre deux feux, l’un qui l’attire et l’autre qui le repousse, toujours vers la même direction. C’est pour cela que je pense que ce virage à droite ne correspond à aucune réalité. Je vous l’affirme, et vous en aurez la confirmation dans les semaines qui viennent.

A - Une base électorale plutôt à gauche et des ralliements tous étiquetés à droite. Comment donc se positionner ?

JFK - Son positionnement est bien connu. C’est clairement le double refus de l’UMP et du PS. L’enjeu pour François Bayrou est de transformer son positionnement central (il ne dit d’ailleurs plus « centriste ») en un positionnement plus gaullien. Il faut transcender des clivages dépassés et aller en avant. Il n’est plus « au milieu », il est « en avant ».

La deuxième étape sera pour lui de faire preuve de réalisme. Il y a la dette, les déficits et il doit être clair sur le fait que cela va fatalement impliquer des économies sur les dépenses publiques. François Bayrou doit être réaliste et insister sur le fait qu’il faut arrêter de dépenser à tout va et de faire des promesses que l’on ne pourra pas tenir.

Mais cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à moyen terme à changer ce système économico-social qui est pourri. Il devrait alors déborder François Hollande en insistant sur le fait que les socialistes se sont résignés à ne pas changer la société.

A - Personnellement, qu’est-ce qui vous a poussé à soutenir François Bayrou ?

JFK - Ce qui me motive, c’est la dimension patriotique. Si Nicolas Sarkozy est réélu par défaut, malgré le rejet qu’il y a autour de lui, cela sera terrible pour le pays. Objectivement, je pense que l’on vivra mal pendant cinq ans. D’un autre côté, la gauche n’a pas aujourd’hui l’unité et la dynamique nécessaire pour engager une vraie politique de redressement.

Au fond, la meilleure solution serait sans doute « ce type », avec ses qualités et ses défauts, qui peut regrouper autour de lui, sur un projet de redressement, des gens venant d’ici et de là. Il est selon moi capable de dépasser les haines et les clivages.

Je crois que beaucoup de gens se rapprochent de lui, comme je l’ai fait, par patriotisme. On ne peut rester dans cette situation de guerre civile froide. Nous sommes dans un pays cassé. On le voit bien avec la violence du ton de la campagne. François Bayrou veut dépasser cela, d’où son slogan « Un pays uni, rien ne lui résiste ».

A - Où réside l’enjeu maintenant pour François Bayrou ? Chez qui peut-il encore grignoter des voix ?

JFK - Aujourd’hui, je pense que tous les gens qui sont sur le « ni droite, ni gauche » viennent automatiquement vers lui. Après, il y a aussi toute une fraction des « déçus du sarkozysme » qui se rapproche de lui. Ces deux franges lui sont acquises.

Je pense qu’il fera un très gros score au premier tour. Mais pour atteindre son objectif du deuxième tour, il va falloir qu’il arrive à prendre 5 % aux socialistes. Il faut maintenant qu’il montre qu’il n’ira pas au secours de Nicolas Sarkozy. En d’autres termes, qu’il n’appellera pas à voter pour l’UMP si le président de la République passe le premier tour.

Mais il faut aussi surtout insister sur cette idée de dire : « Au moment où François Hollande ne vous propose plus de changer la société, moi, je vous le propose toujours ». Il va falloir qu’il clarifie très vite son positionnement, car compte tenu des stratégies impulsées par la gauche et la droite, cela peut devenir très compliqué pour lui.

A - Prendre 5 % des voix du Parti socialiste, avec cette impression que le MoDem vire à droite, ce n’est pas gagné…

JFK - Tout peut arriver. La campagne de la gauche est très mauvaise. Ils ont vraiment l’air de flotter, ils multiplient les bévues.

Il y a un phénomène qui est quand même extraordinaire. François Hollande devrait s’effondrer mais il ne s’effondre pas. Je ne comprends pas pourquoi les médias n’insistent pas sur le fait que François Hollande soit toujours si haut dans les sondages en faisant une campagne aussi épouvantable. 

L’ennemi de François Bayrou est le vote utile pour battre Nicolas Sarkozy, c’est pour cela que François Hollande est en partie aussi haut dans les sondages. Il y a encore du boulot à faire de ce côté-là.

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