"Produire en France, ce n’est pas ringard, c’est être en phase avec les nouvelles tendances"

Robert Rochefort, eurodéputé et ancien dirigeant du CREDOC, nous apporte quelques clés pour mieux comprendre les débats actuels sur la TVA sociale et le 'Produire en France'.

Pouvez-vous nous expliquer le concept de la TVA Sociale ?

Robert Rochefort - La TVA qu’on appelle sociale, anti-délocalisation, relocalisation, c’est une idée assez abstraite. Ça consiste à dire qu’on va augmenter les impôts à la consommation avec la TVA et, en contrepartie, dans un jeu à somme nulle, que l'on va baisser les cotisations sociales des salariés. Il y a deux intérêts dans la théorie. D'une part, les produits importés vont coûter un peu plus cher, car on va augmenter la TVA et la baisse des cotisations ne jouera pas sur eux, car ces produits seront fabriqués à l’étranger. À l’inverse, les produits français coûteront moins cher quand on les exporte. On va alléger les cotisations sociales des travailleurs français qui construisent ces produits. En revanche, comme on augmente la TVA et qu’elle n’est pas appliquée à l’exportation, elle est appliquée dans chacun des pays dans lesquels on vend le produit, pas là où on le fabrique. Ces pays appliqueront le taux de TVA qu’il faut mais ne feront pas de majoration de TVA. Je suis persuadé que cela apparaît comme une formule de professeur Cosinus, c’est très théorique, c’est pour ça qu’on parle de TVA sociale depuis extrêmement longtemps. Ce qu’il faut retenir, c’est que comme mesure, toute seule, ça n’a pas beaucoup d’efficacité. Beaucoup de ceux qui étaient pour la TVA sociale il y a cinq ans sont contre maintenant et inversement. C’est une proposition de dernière heure un peu politicienne mais prise toute seule, la TVA sociale, c’est loin d’être une formule miracle.

Quel impact aura l’augmentation de 1,6 points décidée par Nicolas Sarkozy ?

RR - La décision qui a été prise, c’est 1,6% de TVA en plus affectés à la TVA Sociale. Pour que ça ait une efficacité, il faut que le chef d’entreprise qui a décidé de relocaliser ou au contraire de ne pas délocaliser, ait une différence significative sur son coût du travail. 1,6% ce n’est pas très significatif. Evidemment, l’inconvénient majeur de la TVA sociale, c’est un risque de répercussion sur les prix. Avec 1,6% d’augmentation, il y aura une répercussion. Cela va donner une augmentation approximative de 1% sur les prix, ce qui n’est pas négligeable dans la situation où nous sommes. Situation de crise du pouvoir d’achat, stagnation du pouvoir d’achat et, évidemment, montée du chômage. Donc on peut penser que cette mesure, qui ne sera d’ailleurs peut-être pas appliquée, n’aura sans doute aucun effet positif et même quelques effets négatifs.

L’idée de produire en France ne pourrait-elle pas être liée à la mise ne place d’un nouveau mode de consommation ?

RR - Produire en France, c’est quelque chose qui est fondamentale pour recréer des emplois et retrouver l’équilibre de notre balance du commerce extérieure. Nous ne voulons pas imposer aux consommateurs de faire des choses qu’ils n’ont pas envie de faire. C’est à eux de choisir des produits de qualité, produits en France et qui coûtent un peu plus chers, tout en s’y retrouvant dans un rapport qualité/prix. Ce qui est intéressant de voir, c’est que les modes de consommation évoluent. Aujourd’hui les gens en ont ras-le-bol de la sur-consommation, du gaspillage, des produits qu’on jette sans les utiliser. Il est plus important d’avoir des produits dont on a vraiment l’usage, pensez au Velib’ à l’Autolib’. Il est plus important d’avoir l’usage d’un produit que la possession d’un produit. Il y a de nouveaux phénomènes, la vente d’occasion, par exemple E-bay, les brocantes. C’est le fait qu’on revende d’occasion des produits dont on n’a plus l’usage et que d’autres consommateurs achètent des produits de deuxième main, mais qui vont parfaitement leur être utiles. C’est une idée d’une consommation de qualité, qui est une consommation qui a pour but un usage assez long.

Nous proposons de rallonger la durée de garantie légale des produits, par exemple qu’un produit électroménager soit garantie 5 ans, ce qui est tout à fait en cohérence avec cette nouvelle conception du rapport à la consommation. Si on fait ça, je pense qu’on va dans le sens des tendances émergentes de consommation. On fait quelque chose qui permet aux consommateurs, aux familles, de satisfaire mieux leurs besoins et on joue en faveur de la production en France. Car plus on joue la qualité, plus on joue quelque chose qui permet d’avoir des usines qui fassent des produits d’excellentes qualités. L’articulation du 'Produire en France', jouer sur la qualité, tout en étant attentif aux aspirations d’écologie et ne pas être aliéné par une sur-consommation : tout ça est lié ! C’est une nouvelle économie, qu’on appelle souvent l’économie de l’usage ou l'économie des effets utiles, par opposition à l’économie du gaspillage, dans laquelle la sur-consommation nous a plongé. Produire en France n’est pas quelque chose de ringard, c’est au contraire quelque chose qui est tout à fait en phase avec les nouvelles tendances.

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