Perrine Goulet : "On minimise encore la gravité de toutes les formes de violence faites aux enfants"

Félicité de Maupeou pour La Vie
Perrine Goulet (La Vie, 05.2023)
Perrine Goulet, députée Modem, à la tête de la délégation aux droits des enfants, à l’Assemblée nationale. (© XOSE BOUZAS/HANS LUCAS)

La Ciivise alerte depuis plus de deux ans sur l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants (160 000 sont concernés chaque année en France). Interview de Perrine Goulet, députée Modem, à la tête de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale. Entretien à retrouver dans La Vie.

Installée en mars 2021 après l’onde de choc provoquée par le livre de Camille Kouchner sur l’inceste, la Familia grande (Seuil), la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est chargée d’ouvrir un espace de parole des victimes, via des réunions publiques organisées partout en France.

Dans ses rapports, elle a révélé l’ampleur de cette réalité, notamment dans la sphère familiale, et son impact durable et profond sur les victimes. Présidée par le juge Édouard Durand, la Ciivise rendra ses préconisations finales en novembre. Un énième rapport bientôt oublié dans les armoires, ou le point de départ d’une prise en charge politique de ce lourd sujet de société ? Interview de Perrine Goulet, député Modem, à la tête de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale.

La Vie - La Ciivise doit prendre fin en novembre prochain, mais son président Édouard Durand demande son maintien afin de continuer à porter la parole des victimes dans la société. Qu'en dites-vous ?

Perrine Goulet - La Ciivise a permis une libération de la parole et une mise en lumière de ce sujet. Elle a aussi permis à des personnes victimes qui ne peuvent plus porter plainte de témoigner. Ce temps était nécessaire. Aujourd'hui, il me semble qu'elle est allée au bout de son travail, en recueillant plus de 25 000 témoignages.

Il faut maintenant passer le flambeau aux acteurs en charge de ces sujets, comme l'opérateur France Victimes, qui écoute déjà les victimes sur tout le territoire, via une ligne téléphonique qui lui a été confiée par le ministère de la Justice. Contrairement à la Ciivise, cette association dispose des compétences pour accompagner ensuite les victimes et déclencher ou non une procédure judiciaire et un suivi psychologique. À la fin de son travail, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) lui a ainsi passé le relais.

Il faudra peut-être augmenter leur budget, et davantage communiquer sur ce numéro d'urgence (116 006) encore trop peu connu, via des campagnes de communication.

Vivons-nous dans « une culture de l'inceste », comme le dénoncent certains ?

Je ne sais pas. Nous revenons de loin sur ces sujets, où une sorte de tolérance régnait dans les années 1970. Pendant des années, nous avons toléré des choses qui se reproduisent aujourd'hui.

Il faut casser ces mécanismes, notamment en sensibilisant dès le plus jeune âge.

Aujourd'hui, il est possible pour un médecin qui veut faire un signalement de briser le secret médical pour les enfants et les personnes vulnérables, mais il faut les accompagner concrètement sur la marche à suivre. Il faut aussi sensibiliser les ordres médicaux, dont certains reprochent encore aux médecins de briser ce secret médical.

Plus globalement, nous sommes capables aujourd'hui d'intervenir face à quelqu'un qui bat son chien dans la rue, mais pas face à un adulte qui gifle un enfant. On minimise encore la gravité de toutes les formes de violence faites aux enfants, y compris l'inceste.

📰 Lire l'entretien complet dans La Vie

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